Démission silencieuse ou quite quitting : définition, explications et solutions

8 minutes

Constantin Moortgat

30 novembre 2022

SOMMAIRE

Certains de vos salariés se donnaient à fond sans compter leurs heures, mais ils ont fortement réduit la cadence ? Ce collaborateur qui aidait tout le temps ses collègues est progressivement devenu un fantôme en interne ? Bienvenue dans le monde de la démission silencieuse ! Popularisé sur TikTok et démocratisé sur les réseaux sociaux via le hashtag #quietquitting, ce mouvement a envahi les entreprises.

Pour faire simple, un quiet quitter est un individu qui ne trouve pas de satisfaction au travail. Afin de préserver sa santé physique et mentale, il fait donc le strict minimum. Le problème, c’est qu’à grande échelle ce comportement apathique conduit à une baisse générale de la productivité et à une dégradation de l’ambiance. Ce phénomène est aussi nuisible au développement de la marque employeur.

Si vous voulez remobiliser vos démissionnaires silencieux, l’éloignement des risques professionnels et l’amélioration des conditions de travail seront par conséquent des leviers essentiels à activer. Envie d’en savoir plus sur le quiet quitting et sur les actions à mettre en œuvre pour éviter d’être handicapé par cette tendance de fausse démission ? Dans ce cas, lisez attentivement cet article.

Démission silencieuse ou quite quitting : définition, explications et solutions

Qu’est-ce que la démission silencieuse ?

Par définition, la démission silencieuse (aussi appelée quiet quitting, démission tranquille, démission discrète, silent résignation ou silent surrender) est une forme de désengagement d’un salarié vis-à-vis de son employeur. Elle ne consiste pas à rompre son contrat de travail ou à faire grève, mais juste à respecter sa fiche de poste à la lettre, sans s’investir plus que ce qui est convenu.

Concrètement, un démissionnaire silencieux lève le pied, se met en retrait et fait le minimum requis pour remplir ses missions. Abandonnant toute volonté de se surpasser au boulot, de se démener à fond pour son entreprise ou de jouer le pompier de service, il privilégie son équilibre personnel et sa santé.

Pour ne pas s’épuiser gratuitement, il cherche à reprendre le contrôle de lui-même. En perte totale de motivation individuelle, il s’en tient donc à la description stricte de son emploi. Rien de plus, rien de moins. Ainsi, au lieu de travailler avec zèle pour surperformer, un quiet quitter suit les règles fixées au départ, mais refuse :

  • d’effectuer des tâches qui ne sont pas officiellement de son ressort ;
  • de faire des heures supplémentaires (et parfois même des minutes) non payées ;
  • de répondre aux e-mails ou au téléphone en dehors de son temps de travail (soirée, week-end, congés, vacances, etc.) ;
  • de s’impliquer émotionnellement au sein de son entreprise ;
  • de participer aux événements non obligatoires ;
  • de rendre des services s’il n’en a pas envie ;
  • etc. 

Pourquoi le quiet quitting prend-il de l’ampleur dans les entreprises ?

La démission silencieuse peut être perçue comme un manque de conscience professionnelle, un comportement de fainéant ou un acte de rébellion. Mais cette forme de démobilisation et de désengagement est en réalité un signal d’alerte rationnel des salariés pour être simplement considérés à leur juste valeur. C’est le baromètre d’un mal-être général. Comment en est-on arrivé à une situation de quiet quitting en masse au sein des entreprises ? Décryptage.

Le quiet quitting : un phénomène amplifié par la crise de la Covid-19…

La crise sanitaire de la Covid-19 est le premier facteur expliquant l’ampleur prise par la démission discrète au sein des entreprises. Cet événement n’a pas créé le phénomène, mais il l’a accentué très fortement. Durant cette période marquée par les confinements, l’essor du télétravail et les licenciements économiques, de nombreux employés se sont rendu compte qu’ils n’étaient ni heureux, ni satisfait sur le plan professionnel. Pire, en rompant avec la culture du présentéisme, ils ont réalisé que le manque de plaisir au travail et le stress quotidien nuisaient à leur vie privée, tout en les rapprochant parfois du burn-out.

Ce constat est d’autant plus vrai pour les membres de la génération Z. Ces jeunes actifs n’entendent pas se tuer à la tâche s’ils ne comprennent pas l’impact de leurs missions. Ils n’envisagent pas non plus d’accepter des postes sous-qualifiés et mal considérés sous peine de bore-out. Un ras-le-bol général a alors conduit à la mise en avant de notions comme :

Le quiet quitting : un phénomène amplifié par la crise de la Covid-19

… et totalement décomplexé en entreprise depuis la Grande Démission

La conséquence directe de la prise de conscience d’un besoin d’épanouissement professionnel ? La fameuse Grande Démission. Venue des États-Unis, cette tendance s’est rapidement répandue hors des frontières américaines. Elle concerne ainsi maintenant les salariés français ou autres. Concrètement, elle consiste à quitter son emploi pour se réorienter, se reconvertir ou trouver un poste plus gratifiant, réjouissant et enrichissant, dont la finalité à un vrai sens.

Le problème, c’est que tout le monde ne peut pas se permettre de lâcher son travail (et encore moins démissionner d’un CDI) dans un contexte économique et social tendu. Et bien souvent, ceux qui restent dans leur entreprise paient les pots cassés. En effet, pour combler les départs de leurs collègues (en attendant l’arrivée éventuelle de nouvelles recrues) ou pour pallier l’absentéisme grandissant dû aux arrêts maladie, les managers leur demandent d’en faire plus… et souvent beaucoup trop.

Par contre, on leur propose rarement une augmentation de salaire ou de meilleures conditions de travail en reconnaissance de leur contribution. Frappés par des sentiments d’épuisement, de fatigue, de lassitude et d’injustice face à l’absence de valorisation des efforts, ces employés ont commencé à utiliser une arme passive : la démission silencieuse. Pour eux, l’objectif est triple :

  1. Se protéger des dérives d’une surcharge de travail ;
  2. Obtenir davantage de respect (comme dans certains types d’organisation où le temps est calculé à la seconde, même pour faire une pause physiologique) ;
  3. Éviter les risques psychosociaux.

Comment faire face à la démission silencieuse en entreprise ?

En utilisant la démission tranquille, les salariés se placent en position de force face aux employeurs. Même s’ils sont peu motivés et engagés, ils respectent leur contrat. Ils font certes le minimum, mais ils effectuent les missions pour lesquelles ils ont été recrutés. D’ailleurs, il n’y a pas forcément une moins bonne qualité de travail. Dans ce contexte salarial tendu, les entreprises sont invitées à s’interroger sur ce qu’elles peuvent mettre en œuvre pour rebooster les collaborateurs qui se contentent du strict minimum. Comment faire face aux démissionnaires silencieux ? Explications.

Comprendre les besoins profonds des collaborateurs : la clé pour faire face aux démissionnaires silencieux

Le dialogue est l’instrument le plus efficace pour lutter contre la démission silencieuse. En effet, sans discussion, vous aurez du mal à cerner ce qui pousse certaines personnes à appuyer sur la pédale de frein au travail. Ainsi, communiquez régulièrement avec vos équipes et faites preuve d’écoute active. Des échanges honnêtes vous permettront non seulement d’identifier les sources de mécontentement, mais surtout de comprendre les besoins profonds de vos collaborateurs. Ces derniers peuvent notamment porter sur :

  • une flexibilité du travail pour un meilleur équilibre vie pro/vie perso ;
  • des missions enrichissantes et des valeurs partagées avec l’entreprise pour donner du sens à son activité ; 
  • des objectifs clairs dans un cadre de fonctionnement explicite ;
  • une reconnaissance, une confiance et un suivi constructif de la part de la hiérarchie pour s’épanouir pleinement dans son emploi ;
  • un management bienveillant et transparent pour préserver sa santé au travail ;
  • un espace de travail adapté et de bons outils pour favoriser sa qualité de vie et son bien-être professionnel ;
  • etc.

Comprendre les besoins profonds des collaborateurs : la clé pour faire face aux démissionnaires silencieux

Évidemment, il ne faut pas attendre d’avoir des quiet quitter pour s’intéresser à ce que veulent vos salariés. Dès le recrutement, posez des questions sur ce qu’aiment et attendent les candidats. Après l’embauche, continuez à vous renseigner sur ces aspects. Utilisez notamment la phase d’onboarding pour apprendre à lire entre les lignes. Enfin, interrogez les individus qui partent définitivement de votre entreprise pour savoir ce qui les a poussés à aller voir ailleurs. Ceux qui ont choisi de démissionner silencieusement ont probablement les mêmes frustrations.

Vous commencez à obtenir des réponses ? Dans votre analyse, ne tirez pas de conclusions à la va-vite, mais gardez une vue d’ensemble de la situation pour comparer ce qui est comparable. Par exemple, tenez compte des types d’organisation. Les grandes entreprises et les PME n’offrent pas la même attractivité. Certains peuvent donc se laisser séduire par des avantages que seules les grosses sociétés sont capables d’offrir, même si cela implique moins d’intérêt dans le travail.

Optimiser l’épanouissement au travail : la priorité pour éviter une vague de quiet quitter

Une fois que vous avez compris les besoins et les motifs d’insatisfaction de vos collaborateurs, vous devez vous appuyer sur ces connaissances pour optimiser l’épanouissement professionnel et la qualité de vie au travail (QVT). C’est ainsi que vous éviterez une démission silencieuse en masse. Dans cette optique, la recette repose sur l’amélioration de 6 boosters d’engagement au travail :

  1. Les pratiques managériales (assertivité, confiance, bienveillance, encouragement, responsabilisation, reconnaissance, droit à l’erreur, feedback constructif, etc.) ;
  2. Le contenu du travail (fiche de poste adaptée, missions enrichissantes et valorisantes, variété des tâches, objectifs clairs et sensés, sentiment d’utilité, bonne organisation du travail, charge de travail réaliste, etc.) ;
  3. Le cadre de travail et l’expérience collaborateur (horaires de travail raisonnables, lieu de travail agréable, environnement de travail sain, bons équipements, aménagement adapté des locaux, mesures de prévention des risques, flexibilité, respect du droit à la déconnexion, services annexes, etc.) ;
  4. Les relations sociales et professionnelles (cohésion de groupe, esprit d’équipe, bonne communication interne, entraide, partage de connaissances, culture d’entreprise forte, etc.) ;
  5. Le développement professionnel (parcours d’intégration, montée en compétence, formation, perspectives d’évolution, gestion des carrières, mobilité interne, rémunération cohérente et juste, etc.) ;
  6. La considération des individus (équilibre vie pro/vie perso, respect de la diversité, égalité et équité professionnelle, lutte contre la discrimination, éthique RH, présence d’un médecin ou d’un psychologue du travail, accompagnement à la transformation digitale, etc.).

Démission silencieuse : le mot de la fin

Vous l’avez compris : pour éviter la démission silencieuse des collaborateurs, tout repose sur l’optimisation de l’épanouissement professionnel. Vous avez donc intérêt à proposer de bonnes conditions de travail et à valoriser les efforts effectués par les employés. Vous êtes convaincu par cette approche et souhaitez monter en compétence pour améliorer l’expérience salarié au sein de votre entreprise ? Spécialiste des formations en management, mais aussi de l’accompagnement des entreprises sur de nombreuses problématiques organisationnelles, Moortgat se fera un plaisir de vous aider. Contactez notre équipe de consultants pour en discuter.

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